La Commission européenne a accepté, les 11–12 septembre 2025, les engagements de Microsoft dans l’affaire du couplage de Teams à Office/Microsoft 365. Résultat : pas d’amende, mais des obligations juridiquement contraignantes en Europe, surveillées pendant 7 ans (et jusqu’à 10 ans pour certains volets d’interopérabilité et de portabilité).
L’enquête antitrust ouverte par Bruxelles à la suite de la plainte de Slack se clôt sans sanction financière. La Commission a jugé que les remèdes proposés par Microsoft répondaient aux préoccupations de concurrence liées à l’intégration de Teams à sa suite de productivité. En pratique, la procédure est close par acceptation d’engagements, ce qui permet à Microsoft d’éviter une amende potentiellement élevée.
Les engagements de Microsoft
Microsoft s’engage à proposer en Europe des éditions d’Office/Microsoft 365 sans Teams, à un prix inférieur à celles qui incluent Teams. Les clients existants se voient offrir des modalités de migration vers ces offres « unbundled ». L’entreprise accepte aussi des obligations d’interopérabilité (pour permettre aux services concurrents d’interagir avec Microsoft 365/Teams) et de portabilité des données (extraction des messages/éléments de Teams vers des solutions rivales). La durée de surveillance est de 7 ans pour l’essentiel des remèdes, et jusqu’à 10 ans pour certains engagements techniques (interopérabilité/portabilité), sous contrôle d’un tiers. À noter : ces engagements portent sur l’écosystème Microsoft 365/Teams et la politique commerciale (y compris la structure de prix), pas sur des modifications générales du système d’exploitation Windows au‑delà de ce qui est nécessaire pour garantir l’interopérabilité des services concernés.
La plainte de Slack
Déposée en juillet 2020, la plainte de Slack (désormais propriété de Salesforce) dénonçait une vente liée : Teams, fourni et activé avec la suite Office dominante, aurait été imposé aux entreprises, entravant l’essor d’alternatives et faussant la concurrence. En 2023, la Commission a formalisé ses préoccupations et a ensuite examiné des propositions de remèdes. L’éditeur allemand Alfaview a, de son côté, rejoint la procédure avec une plainte étendue en 2023.
Si Slack est à l’origine du dossier, l’ouverture du marché ainsi obtenue profite à l’ensemble des solutions collaboratives : les éditeurs de visioconférence et de messagerie d’entreprise pourront plus aisément s’intégrer dans l’environnement Microsoft 365 et récupérer les données nécessaires aux migrations depuis Teams. Les communiqués officiels ne citent pas chaque service concurrent par son nom, mais la logique concurrentielle du remède – unbundling, interopérabilité, portabilité – bénéficie de fait à des acteurs comme Zoom, Cisco Webex, Google Meet, LiveStorm, voire d’autres outils professionnels.
Le dossier Microsoft‑Teams s’inscrit dans une séquence plus large de contrôle des gatekeepers numériques en Europe. Google a déjà été condamné à plusieurs reprises (Shopping, Android, AdSense), tandis qu’Apple et Amazon ont été visés pour, respectivement, les règles de l’App Store et l’usage des données de vendeurs tiers. Depuis 2024, le Digital Markets Act (DMA) impose un cadre ex ante à ces plateformes, avec des obligations sur la combinaison de données, la pré‑installation et les pratiques de couplage, dont l’application pleine et entière est exigée depuis le 6 mars 2024 pour les services désignés.