Nvidia redémarre ses ventes de puces IA en Chine : un tournant stratégique dans la guerre technologique

Après des mois de restrictions imposées par les États-Unis, Nvidia a reçu le feu vert pour reprendre la vente de ses puces d’intelligence artificielle H20 à destination de la Chine. Cette annonce marque un tournant majeur dans le bras de fer technologique entre Washington et Pékin. Elle intervient à un moment où les entreprises chinoises, privées d’accès aux puces les plus puissantes, se retrouvaient contraintes de ralentir leur développement en matière d’IA. L’autorisation redonne à Nvidia une précieuse part de marché… tout en relançant le débat sur la sécurité technologique et les alliances commerciales.

Une levée partielle des restrictions américaines

La série de sanctions imposées par les États-Unis à partir d’octobre 2022 visait à freiner la montée en puissance de la Chine dans le domaine stratégique de l’intelligence artificielle. Les puces H100, H200, et A100, qui sont les plus avancées de Nvidia, ont ainsi été interdites à l’export. Pour contourner ces restrictions, Nvidia avait développé le modèle H20, une version bridée spécialement conçue pour le marché chinois.

Mais même cette version « allégée » avait été bloquée en avril 2025 par une nouvelle vague de durcissement des contrôles. Le revirement du gouvernement américain en juillet, qui permet à nouveau à Nvidia de vendre son H20, est donc perçu comme un signal fort. Selon plusieurs sources, les responsables de Nvidia ont eu des discussions confidentielles avec les autorités américaines, aboutissant à une validation administrative du produit.

Cette décision coïncide également avec une volonté de maintenir la compétitivité des entreprises américaines sur les marchés étrangers, alors que la demande chinoise en matériel IA reste colossale.

Un marché stratégique pour Nvidia

La Chine représente entre 20 et 25 % des revenus générés par la branche data center de Nvidia. Malgré les restrictions, la demande chinoise ne s’est jamais tarie. De nombreux acteurs technologiques chinois, comme Baidu, Tencent ou ByteDance, continuent d’investir massivement dans des centres de données spécialisés en IA générative, nécessitant des GPU de pointe pour entraîner leurs modèles.

En reprenant les livraisons de puces H20, Nvidia s’assure une place de choix dans cet écosystème en croissance. Même si les H20 sont techniquement moins puissants que les H100 ou B200, ils restent suffisants pour de nombreuses applications industrielles, notamment dans le traitement de langage naturel, la génération d’images, ou l’optimisation logistique.

À Wall Street, l’annonce a été bien accueillie. Le cours de l’action Nvidia a bondi de près de 5 % après la confirmation de la reprise des exportations. Les analystes estiment que cette décision pourrait ajouter plusieurs milliards de dollars aux revenus de l’entreprise sur l’exercice en cours.

La reprise des ventes des puces H20 à la Chine confirme la position dominante de Nvidia dans le secteur mondial des semi-conducteurs pour l’intelligence artificielle. C’est aussi un signe de pragmatisme de la part des États-Unis, qui, tout en maintenant une ligne dure sur les produits les plus performants, cherchent à équilibrer sécurité nationale et leadership économique.

À l’avenir, Nvidia devra gérer finement l’équilibre entre innovation technique, respect des règles d’exportation, et besoins commerciaux. Cette reprise des ventes doit s’accompagner de garanties contractuelles solides avec les acheteurs chinois, notamment sur la traçabilité des composants et l’usage final.

Ce nouveau chapitre pourrait inspirer d’autres entreprises américaines à ajuster leur stratégie vis-à-vis de la Chine. Dans un monde toujours plus polarisé sur le plan technologique, la flexibilité — autant que la puissance d’innovation — devient un levier stratégique essentiel.

Pour suivre toute l’actualité de numactu.fr, abonnez-vous à la newsletter !