L’Arcom hausse le ton face aux géants du porno en ligne. Cinq sites majeurs sont sommés de mettre en place un contrôle d’âge strict d’ici le 25 août 2025, sous peine de blocage, déréférencement et sanctions financières.
Le lundi 4 août, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) a annoncé avoir adressé une mise en demeure à plusieurs grandes plateformes pornographiques. Motif : leur non-respect de la législation française sur la protection des mineurs.
En cause : l’absence de dispositifs de vérification fiable de l’âge des internautes. Ces sites – parmi lesquels Xnxx, Xhamsterlive, Tnaflix, Xvideos et Xhamster – continuent d’autoriser l’accès libre à leurs contenus, alors que la loi impose désormais un contrôle systématique.
Un rappel à l’ordre après une première notification
Selon l’Arcom, les plateformes concernées avaient déjà été notifiées dès le 11 juin de leur manquement. Faute de réaction, cette mise en demeure constitue la deuxième étape de la procédure.
Les sites disposent désormais d’un délai de trois semaines pour se mettre en conformité. La date butoir est fixée au 25 août 2025 : passé ce délai, l’Arcom pourra saisir la justice afin de faire bloquer ou déréférencer ces sites en France. À terme, des amendes financières pourraient également être prononcées.
Le dispositif légal de vérification de l’âge
La France a récemment renforcé son arsenal législatif pour protéger les mineurs face à l’accès massif aux contenus pornographiques. Depuis 2025, la loi impose que tout site pornographique, qu’il soit établi en France ou à l’étranger mais accessible sur le territoire, mette en place un système de vérification d’âge fiable.
Contrairement au simple « clic » de confirmation (« J’ai plus de 18 ans »), jugé inefficace, le nouveau dispositif suppose des solutions techniques plus robustes, comme l’authentification via un tiers de confiance (banque, opérateur mobile, identité numérique certifiée, etc.).
Une mise en demeure symbolique
Cette décision marque un tournant symbolique dans l’application de la loi. L’Arcom montre sa volonté de ne pas se limiter à des annonces mais de sanctionner les contrevenants, y compris les plus grandes plateformes mondiales. Les sites visés figurent en effet parmi les plus visités en France, générant chaque mois des millions de connexions.
Face à cette obligation, certaines plateformes ont préféré quitter le marché français plutôt que de se conformer aux nouvelles règles. C’est le cas de Pornhub ou YouPorn, qui ont suspendu leur accès depuis la France dès l’entrée en vigueur de la loi.
Ces retraits avaient suscité un vif débat : d’un côté, les associations de protection de l’enfance saluaient une avancée importante ; de l’autre, certains observateurs dénonçaient une mesure difficilement applicable et susceptible d’encourager le recours aux VPN pour contourner les blocages.
Et maintenant ?
La date du 25 août constitue donc un tournant décisif. Si les plateformes incriminées n’ont pas mis en place de véritable contrôle de l’âge, elles s’exposent à :
- un blocage d’accès sur le territoire français,
- un déréférencement dans les moteurs de recherche,
- voire des sanctions financières importantes.
Au-delà de la sanction, cette affaire illustre un enjeu plus large : comment concilier la protection des mineurs, la vie privée des adultes et la liberté d’accès à Internet ?
Car si le législateur entend protéger les jeunes publics, les dispositifs de vérification d’âge soulèvent des interrogations quant au respect de la vie privée et à la collecte de données sensibles.
Un débat encore ouvert
Les prochaines semaines permettront de mesurer la détermination de l’Arcom et la réaction des plateformes mondiales. Pour l’heure, le bras de fer est engagé : soit les sites s’adaptent, soit ils quitteront, de gré ou de force, le marché français.
Dans tous les cas, cette mise en demeure constitue une étape clé dans l’application du nouveau cadre légal, et pourrait inspirer d’autres pays européens confrontés aux mêmes enjeux.
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