Mi-juin 2025, Midjourney a dévoilé V1, sa première version de générateur de vidéo IA. Après avoir révolutionné la création d’images à partir de prompts, la startup permet désormais d’animer des images fixes en clips de 5 à 21 secondes, intégralement animés via Discord ou son site web. Mais cette avancée technologique majeure survient au cœur d’une bataille juridique : Disney et Universal ont déjà engagé des poursuites pour violation de droits d’auteur, craignant que les vidéos générées reproduisent des œuvres protégées. Entre créativité décuplée et respect du droit d’auteur, Midjourney illustre la double nature de l’innovation numérique aujourd’hui.
V1 : une révolution créative pour les vidéastes
Transformer l’image en vidéo : un vent d’innovation
Avec V1, Midjourney donne vie aux images statiques. L’utilisateur sélectionne une image créée ou téléchargée, puis choisit entre une animation automatique ou un contrôle précis du mouvement et de la caméra. Chaque clip débute à 5 secondes et peut être prolongé par tranches de 4 secondes jusqu’à 21 secondes, en mode « high » ou « low motion ». Cette nouveauté, accessible dès 10 $ par mois (avec un coût vidéo estimé huit fois plus élevé qu’une image), ouvre de nouvelles perspectives à la création visuelle : storytelling express, moodboard animé, ou univers visuels immersifs pour artistes et designers .
Des usages naissants et déjà prometteurs
Midjourney se distingue de ses concurrents (OpenAI, Google, Adobe, Runway) en cherchant moins à séduire les annonceurs que les créatifs. Le fondateur David Holz évoque une ambition de plus long terme : modéliser des simulations 3D interactives en temps réel. Les premiers retours d’utilisateurs enthousiastes, évoquant la « magie » caractéristique de Midjourney, soulignent un afflux d’applications : prototypes vidéo rapides, scènes immersives pour la réalité virtuelle, voire premières expériences de narration interactive .
Propriété intellectuelle : un frein juridique à l’expansion
La menace judiciaire plane dès le départ
La sortie de V1 tombe pile au milieu d’une action judiciaire intentée par Disney et Universal. Ces studios accusent Midjourney d’avoir entraîné son IA sur leurs œuvres sans autorisation, qualifiant l’outil de « machine à contrefaçon visuelle virtuelle ». Selon Wired, malgré des filtres bloquant certaines demandes (Elsa, Mickey, Goofy), l’outil reste contournable, créant en vidéo des personnages de Disney, Universal, Star Wars, Minions ou Deadpool. Ce constat illustre la complexité juridique du terrain : où s’arrête l’inspiration et où commence la violation ?
Vers une responsabilité créative et juridique
Le déploiement de vidéos IA met en lumière un enjeu crucial : comment garantir que les créations générées ne violent pas le droit d’auteur ? À l’heure actuelle, Midjourney se repose sur des algorithmes de modération, mais leur fiabilité est remise en question. Pour sécuriser le futur, la plateforme devra mettre en place des accords de licence clairs pour les corpus visuels, renforcer ses filtres, auditer ses processus d’entraînement, et peut-être conclure des partenariats avec les détenteurs de droits — un tournant pour toute l’industrie.
Midjourney joue un rôle d’accélérateur de l’innovation vidéo IA, avec une technologie qui repousse les frontières de la créativité. Toutefois, l’absence de cadre solide autour de la propriété intellectuelle expose la firme à des risques juridiques importants — et souligne les tensions entre innovation et régulation dans l’IA.
Pour poursuivre son développement sans heurts, Midjourney doit :
- contractualiser ses corpus visuels via licences ou partenariats avec les studios ;
- documenter et certifier ses mécanismes de modération IA ;
- introduire un système d’audit indépendant de conformité ;
- mettre à jour ses Conditions d’Utilisation pour engager la responsabilité des utilisateurs.
À terme, cette situation pourrait inciter l’émergence d’un cadre réglementaire pour la vidéo IA, avec obligation de traçabilité, d’octroi de licences et d’observatoire de conformité. Entre plateformes technologiques et détenteurs de droits, un nouvel équilibre se dessine : celui qui permettra à la créativité de s’épanouir… dans le respect du droit.