Semaine (très) salée pour C8 avec les décisions de l’Arcom et de la CEDH

La chaîne C8, propriété du groupe Canal+, majoritairement contrôlée par Vincent Bolloré, a fait l’objet de 2 décisions défavorables cette semaine. L’une par l’ARCOM, et l’autre par la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH), concernant la même émissions de divertissement de Cyril Hanouna : Touche pas à mon poste (TPMP).

Décision de l’Arcom

Concernant la décision de l’ARCOM, elle inflige une amende de 3,5 millions d’euros à la chaîne pour un passage très commenté d’une altercation verbale entre l’animateur et le député Louis Boyard lorsque ce dernier a commencé à évoquer de manière très critique Vincent Bolloré.

La décision de l’autorité a été motivée d’abord par le comportement de l’animateur coupant la parole à son invité en permanence, et en l’insultant à plusieurs reprises (“abruti”, “tocard”, “merde”).
L’autorité a estimé que l’animateur avait “porté atteinte aux droits de l’invité, au respect, de son honneur et de sa réputation”. Elle constate ainsi “une méconnaissance par l’éditeur de son obligation de maîtrise de son antenne”.

Ensuite, elle a constaté que l’invité n’avait pas pu s’exprimer justement parce qu’il émettait des critiques envers un actionnaire du groupe Canal+, en l’espèce Vincent Bolloré. Elle regrette que par ces agissements, “les conditions qui garantissent indépendance de l’information n’étaient pas réunies” et elle met en demeure la chaîne de se conformer à l’avenir “à l’honnêteté et à l’indépendante de l’information”.

Arrêt de la CEDH

Hasard du calendrier, une décision de la CEDH du même jour valide 2 sanctions émises contre la chaîne par un des ancêtres de l’ARCOM : le CSA.

C8 avait contesté ces décisions devant le Conseil d’État, qui les avait rejeté dans les 2 cas rejetés.

La chaîne a alors plaidé son cas devant la CEDH en invoquant une violation de la liberté d’expression (article 10 de la convention).

Les 2 sanctions concernaient deux passage de TPMP.

La première sanction faisait suite à un passage mettant en scène un jeu jugé “graveleux”, “négatif” et “stigmatisant pour les femmes”. Ce passage avait généré 1350 plaintes auprès du CSA qui avait décidé de priver de publicité l’émission pendant plusieurs semaines.

Le second passage portait sur un appel téléphonique de type canular qui a été jugé également négatif et stigmatisant mais pour les personnes homosexuelles cette fois, et pour lequel le CSA avait reçu 25 000 plaintes et avait décidé d’infliger une amende de 3 millions d’euros.

La CEDH a considéré que les deux sanctions pécuniaires avait été “particulièrement adaptées” et qu’il n’y avait “aucune raison de se départir de l’appréciation du CSA et du Conseil d’État”.

Dans les 2 cas, cette dernière a considéré que l’émission n’entrait pas dans le cadre de la liberté d’expression car “n’étant porteuses d’aucune information, opinion ou idée, au sens de l’article 10 n’ayant en aucune manière contribué à un débat d’intérêt général”.